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L'Hiver

Il y a longtemps, le dieu Hadès enleva Perséphone, la voulant sienne, provoquant le courroux de Zeus, qui lui  ordonna de rendre la douce à sa mère Déméter, déesse de la terre. Alors Hadès fit manger à sa captive six pépins du fruit des morts, amenant  Zeus à faire un compromis : Perséphone passera six mois chez Hadès, et six mois chez sa mère... Durant les six mois d’absence de sa fille, la tristesse de Déméter sera telle qu’elle provoquera l’hiver sur la terre.

Mais dans cette dormance mélancolique de l’hiver, l’homme a su voir une féerie étincelante, festive.

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Une nature engourdie, endormie… étincelante

Revenons sur terre pour expliquer que c’est l’inclinaison de cette dernière par rapport au soleil qui crée les saisons, de sorte que, lorsque les rayons sont plus loin et plus obliques, cela indique que nous sommes en hiver.
En témoigne la chute des températures, le vent âpre, la pluie, le gel  et  l’humidité qui règnent sur des jours raccourcissant au point de devenir plus courts que les nuits. Les paysages s’immobilisent, étouffés par le brouillard, d’où quelques arbres dénudés, tels de vaillants mâts, émergent fébrilement. La neige viendra bientôt recouvrir l’horizon de son blanc manteau, lourd et aérien à la fois, de temps à autre flatté par un soleil éclatant qui saura lui donner mille scintillements cristallins.   

La neige, décor féerique ou implacable abattement, sait également se faire protectrice, isolante pour la racine des arbres, des plantes vivaces, de certains animaux… Car l’hiver aussi est une saison démontrant encore l’extraordinaire intelligence de la nature. Les animaux les premiers savent adapter leurs comportements ou leur morphologie : certains migrent, d’autres hibernent, d’autres encore hivernent, ayant fait des réserves pour survivre dans leur terrier, d’autres enfin ont revêtu un pelage blanc ou épaissi.
Les villes, quant à elles, revêtent leurs habits de lumière, comme pour nous réchauffer dans cette rude saison.
Car l’hiver, ça se traverse. C’est l’heure où la nature lutte, dans un recueillement enchanteur, pour survivre jusqu’au renouveau printanier. En attendant, l’homme aussi a su s’adapter et s’occuper.

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Une traversée emmitouflée

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Les hommes quittent jardins et plages, s’emmitouflent de doudounes, bonnets, écharpes, moufles… et s’en vont tirer profit de cette nature déguisée en s’essayant à toute la panoplie des sports d’hiver. Les enfants prépareront un gros bonhomme de neige et l’entoureront de leurs batailles de boules et glissades sur des luges. Car l’hiver c’est aussi ces réjouissances excitées de bambins émerveillés. Pour les plus grands, c’est l’occasion d’une contemplation invitant à la méditation, au détour d’un vallon immaculé éclaboussant les yeux ou d’un âtre de cheminée faisant danser les ombres. Parfois la nature saura se faire émouvante en nous laissant apercevoir cette fleur surprenante, nommée perce-neige, qui a cette faculté époustouflante d’émerger d’une nature morte, vierge. Comment fait-elle ?

Est venu pour l’homme le temps de se réfugier dans le confort d’une chaude demeure. Il l’a préparée au repos extérieur, au repli confortable où il faudra « passer l’hiver ». Rimbaud qualifiait cette saison d’enfer, tant il redoutait le confort. Mais nous ne sommes pas tous de jeunes poètes romantiques et savons apprécier l’atmosphère onctueuse des intérieurs hivernaux. Comme l’affirme le dicton français : « si l’hiver est froid et rigoureux, mets ton ventre à table et ton dos au feu ».
Car, dans l’ordre des choses, c’est le temps de la récompense : pouvoir jouir d’un peu de repos, d’un réchauffement au coin d’une cheminée et de bons repas faits de victuailles récoltées, préparées et conservées en vue des rigueurs de la saison froide.

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Une saison de spectacle en cuisine

Quand le thermomètre descend, on aime cuisiner. Et cuisiner chaud, riche. C’est le retour de la cuisine familiale avec ses soupes, ses recettes du terroir et ses mille desserts. Les produits de saison et leur variété insoupçonnée sont autant d’invitations à l’imagination. Poireaux, endives, choux se marieront aux multiples fromages arrivés à maturation ; agrumes et chocolat sauront revigorer, réconforter ; un pot au feu suivi de madeleines aux oranges sauront s’accommoder au coin du feu. Sans oublier tous les plats de montagne : tartiflettes, fondues, raclettes, et tous les desserts rassasiant nos envies de douceur sucrée.
Et cela n’est qu’une mise en bouche en prévision du grand bal culinaire des fêtes de fin d’année, mettant les fourneaux en effervescence et nos papilles dans tous leurs états. Partout la table est mise, apprêtée, les bougies s’allument, flotte dans l’air un air de fête.

Des réjouissances festives réchauffant les esprits et les cœurs

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L’hiver renferme en son commencement les nombreuses réjouissances de fêtes de fin d’années enluminées, annoncées - durant près d’un mois jusqu’à l’apogée que constituent Noël et le jour de l’an - par l’ornement doré, coloré, que prennent nos maisons et leurs décorations intérieures, de même que nos villes et leurs vitrines fabuleuses. Le froid envahit le pays, mais la couleur et la chaleur éblouissent nos yeux, et parfois nos cœurs.
Après l’été, cette fin d’année est une période de congé privilégiée, occasion de réunions familiales précieuses fabriquant ou ravivant de précieux souvenirs d’enfance.
Les premiers flocons de neige (et leur promesse de bonhommes au nez de carotte) auront toujours cette magie authentique qui, toujours, possède cette faculté, ne serait-ce qu’un instant, d’émouvoir les cœurs des enfants, d’âge ou d’esprit. On n’est jamais indifférent à ces premiers flocons.

Tel un décompte, les jours s’égrainent jusqu’à l’arrivée de la nouvelle année et ses promesses de renaissance, de succès, de chaleur.

Une nouvelle année s’ouvre et nous mène vers le printemps

Les premiers mois de la nouvelle année, gelés, rigoureux, peuvent sembler longs, mais la promesse qu’il renferment sait nous faire patienter. L’hiver est un passage dont on sort victorieux. Ne dit-on pas « tenir l’hiver » comme pour signifier que ce passage est un test, une épreuve de solidité, de force, de vérité. Celui qui en ressort et voit apparaître les premiers signes du printemps est glorieux, heureux. L’espoir s’invite sur son chemin au détour d’une primevère naissante.

Puis un jour, dans l’air flotte une note subtile, légère, émoustillante, sereine aussi, c’est le printemps qui est là, sous ce tas de neige fondant, dans cette feuille émergeant du tapis blanc, dans cet arbre dont on soupçonne à peine - mais sûrement - le bourgeonnement du Vert. C’est très sensible, mais c’est là : l’hiver est fini, le printemps nous ouvre ses bras. Et ne serait-ce que pour vivre cet instant, il est si bon de traverser l’hiver. Car, comme le veut la maxime, « il faut toujours un hiver pour bercer un printemps ».

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