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L’Automne

Les premières feuilles roussies jonchant le sol annoncent la fin de l’été et ouvrent le grand ballet automnal.
L’invitation est lancée. Mettez un gilet et de bons souliers : l’heure est venue de faire honneur à la grande fête de mère nature. Elle s’est apprêtée, a revêtu ses plus belles couleurs. Elle est prête à accueillir nos longues balades, à nous offrir ses derniers fruits et à nous laisser découvrir quelques-uns de ses enchantements. 

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Une transition magique

L’automne est une sorte de demi-saison, entre celle chaude et celle froide. Marquée par un refroidissement progressif, par la pluie et le vent, elle est également le terrain d’un ensoleillement inédit, mettant en valeur des couleurs caractéristiques.
Tout paysage prend des teintes merveilleuses à l’automne. Mais ce sont bien les forêts, collines et prairies qui sont le plus magnifiées lors des derniers beaux jours de l’année.
Durant les brefs, mais très beaux couchers de soleil automnaux, terre, soleil et vallons se fondent dans un orange scintillant sous les gouttes de pluie. Cette saison magique où la nature expire en revêtant une splendeur spéciale a inspiré de nombreux artistes et est souvent qualifiée de plus belle des saisons, du fait du bouleversement qu’elle opère, montrant mille couleurs, mille visages.

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La transformation de la nature

Le vert se dissipe, la chlorophylle diminuant en même temps que le soleil, ce qui permet aux feuilles de dévoiler leurs autres couleurs cachées : le jaune, l’orange, le rouge.
Puis ces feuilles tombent, les arbres entrant en dormance pour garantir les bourgeons printaniers. Cette chute dure un bon mois, formant ces tapis jaune-orangé, foulés par les promeneurs.
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Ces heures empourprées indiquent le moment d’achever les activités d’été pour préparer celles d’hiver : les arbres se débarrassent de leurs feuilles et fruits, les oiseaux se préparent à la migration, les marmottes à l’hibernation, les agriculteurs récoltent, labourent, les tracteurs rentrent aux hangars, le bétail à l’étable, le bois dans les demeures.
L’automne s’ouvre avec les vendanges et se conclut par l’arrivée des mandarines et clémentines.

L’automne c’est aussi le train paresseux des nuages, l’épaisseur de la brume, le gris des silhouettes, le claquement des volets. Les branches s’agitent, les roses se fanent, l’humidité gagne.
Mais c’est également l’heure attendue des multiples activités que l’homme a sues se créer autour d’une saison généreuse.

L’occasion d’une exploration enrichissante

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C’est le retour des promenades en forêts ou le long des sentiers dorés. À pied, à vélo ou à cheval, tout est bon pour partir en quête des trésors de la nature, source inépuisable d’explorations. Les petits s’enchantent de débusquer bogues, glands et feuilles aux formes et teintes variées. Les grands se ravissent de cueillir des champignons, ramasser des châtaignes… Les gourmands savent dénicher mûres, figues ou grappes de raisin. Autant de petits plaisirs qu’offre la saison. Avec l’espoir d’apercevoir un cerf ou une biche.

Ces escapades sont une invitation à la rêverie ou à la création. Les sentiers parcourus rappellent des souvenirs d’enfance en famille. Les trésors rapportés par les bambins sont collectionnés… L’automne, c’est aussi le doux retour au foyer douillet, nourri des premières flambées de cheminées et des plats mijotés avec les produits de saison.

Un ravissement pour les sens

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C’est tous les sens qui sont en éveils à l’automne.
D’abord la vue : les paysages se parent d’une cape fauve aux couleurs changeantes. Chaque arbre, chaque latitude, chaque semaine, chaque année a sa nuance.
La nature peint les collines boisées de toute une palette de teintes : érables dorés, hêtres orangés... Le contraste entre les résineux verts et les feuillus s’empourprant est saisissant.
La lumière faiblissante est pure et les lueurs mordorées tranchant avec les ombres des bois ajoutent à l’émerveillement des yeux. Ce tableau flamboyant constitue une véritable leçon de couleurs.

L’ouïe n’est pas épargnée : le vent tourbillonnant, les envolées de feuilles, le tintement des carillons, parfois le brame d’un cerf, offrent une véritable symphonie.
L’automne c’est aussi le son et la sensation des feuilles mortes que l’on piétine avec un plaisir enfantin à peine dissimulé.
Car le toucher n’est pas absent des plaisirs automnaux : vent frais sur le visage, picot d’une bogue ou finesse fragile d’une feuille séchée.
L’odorat lui aussi est dans tous ses états : les senteurs de sous-bois, d’humus, de terre, de champignons parfument l’air de délices olfactifs d’une infime délicatesse éveillant le palais.

Le goût est en effet particulièrement célébré par les saveurs typiques qu’offre la saison. Les étals des marchés sont un vrai régal pour l’imagination gastronomique : c’est le grand rendez-vous des pommes, raisins, poires et coings, mais aussi de toutes les sortes de courges : potirons, citrouilles, potimarrons…, sans oublier les noix, noisettes et châtaignes.

Alors, mille recettes resurgissent, ouvrant le grand bal des plats gourmands réchauffant les froides soirées marquant la fin de l’année. La soupe de potiron ou le gratin de courge rivalisent avec les croustades de champignons ou les pommes de terre à la paysanne. Les noix et la confiture de figue côtoient les marrons qui se retrouvent glacés ou en charlotte... Certains ont la chance de déguster la pâte de coing de nos aïeuls.
La chaleur des couleurs du dehors se mêle à celle de ces plats familiaux et des souvenirs qu’ils véhiculent. Une nostalgie mélancolique s’immisce au détour d’une saveur, d’un sentier.

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Enchantement ou mélancolie ?

L’automne charrie son lot de connotations grises. C’est la saison du deuil de l’été et de l’appréhension d’entrer dans la rudesse de l’hiver. La nature semble rendre son dernier souffle. Ainsi dit-on « être à l’automne de sa vie » pour signifier que l’on approche du déclin. De plus, la baisse de luminosité et les longues nuits peuvent provoquer la fameuse dépression d’automne.

Est-ce pour cela que la nature rivalise de beauté ? Pour, par sa somptueuse magie, adoucir le passage difficile de l’entrée dans le froid ? Ces teintes pures et vives donnent l’impression que le soleil estival s’est imprimé sur la nature comme pour conserver la chaleur un peu plus encore avant l’hiver.
Le calme contemplatif des paysages et la chaleur des dernières couleurs offrent une ambiance propice à la sérénité. Ce « trompe l’œil » parvient à atténuer l’angoisse de l’entrée dans l’hiver : tout s’apaise pour un passage de tranquillité.

Enchantement ou mélancolie ? Les deux à la fois, telle est l’essence délicate de l’automne, cette « demeure d’or et de pluie » selon le poète Jacques Chessex.
Et de fin elle n’a que la connotation, car c’est bien l’avenir qu’elle s’attelle à préparer.

Préparer l’hiver pour mieux promettre le printemps

La saison fourmille : rentrées scolaire, professionnelle, littéraire, foires…signifiant, telle la fable, qu’après les oisivetés estivales, l’heure est venue de s’activer à préparer l’hiver et, à travers lui, les saisons suivantes.
L’automne, royaume du symbolisme, s’inscrit dans le juste déroulement du cycle de la nature, elle la transforme pour la préparer à la lutte hivernale en vue de la récompense printanière et de la trêve estivale.

Dans une fête magnifique, la nature se prépare à son engourdissement : c’est le moment où la terre et ceux qui la travaillent s’affairent à enrichir le sol : les feuilles tombées le nourrissent, l’homme le fertilise, plante des bulbes, des arbres, taille, bouture, paille… autant d’activités aidant la nature à bien s’endormir pour mieux se réveiller au printemps

Enfin, l’automne augure les réjouissances d’un hiver féérique, fait de plaisirs enneigés enfantins, de paysages immaculés époustouflants et de fêtes de fin d’année promettant le retour d’autres printemps, d’autres étés… et d’autres automnes.

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