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La révolution industrielle

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Le 1er mai 1851 s’ouvrait en Grande-Bretagne la première des fameuses grandes Expositions Universelles destinées à exhiber la suprématie industrielle de pays dont les inventeurs sont les héros de la Révolution Industrielle.

C’est vers la fin du 18°s que de nombreuses inventions multiplieront les avancées en mécanisation, faisant basculer la société d’un monde agraire et artisanal à un monde industriel et commercial, bouleversant profondément l’économie, le travail, la société, donnant naissance au Monde Moderne. Cette rupture avec le passé, bien que considérable, ne sera cependant pas brutale car elle résultera d’une convergence d’éléments historiques, économiques, politiques… et des révolutions en tous genres ponctuant l’époque : le peuple se soulève contre ses conditions et aspire à davantage de liberté.

Première grande invention d’un 19° siècle friand d’amélioration du quotidien, la machine à vapeur de J. Watt, née en 1784 d’une simple réparation, est l’élément déclencheur puis indispensable de l’industrie naissante, révolutionnaire en ce que pour la première fois il n’y a plus besoin de la force humaine, animale ou naturelle pour actionner le mécanisme, c’est désormais la vapeur issue de la combustion du charbon qui fournit l’énergie au machines, décuplant la production.
Pionnier de la révolution industrielle, le textile explose grâce à l’invention de Mr Jacquard (1801) : un métier à tisser capable de faire des motifs. Mr Volta invente quant à lui la pile électrique, Mr Edison la lampe à incandescence, Mr Bell le téléphone, Mr Lebon l’éclairage public…
C’est le début des grandes métropoles. Paris, Londres se métamorphosent, construisant de nouveaux logements, creusant de nouveaux égouts, créant des espaces verts, perçant de larges boulevards, repoussant insalubrité et épidémies en périphéries. À Paris, le préfet Poubelle impose l’utilisation de boîtes à déchets ramassées par des employés publics. L’hygiène entre dans les mœurs, le shampoing est inventé, le savon conseillé. L’alimentation fait un bon grâce à la conserve, la réfrigération. En chimie, de grands progrès voient le jour : engrais, colorants, même matières plastiques. La médecine aussi fait des découvertes majeures : vaccination, pasteurisation, anesthésie…
Vaccins, hygiène et meilleure alimentation diminuent les maladies et augmentent l’espérance de vie. La démographie explose, la mortalité infantile régresse nettement en Europe, mais la France sera la seule à ne pas faire plus d’enfants. La raison en est simple, la révolution se fait aussi dans les idées : l’enfant est mieux considéré (création des maternelles).  

En moins d’un siècle les hommes sont passés d’un travail manuel, outillé, à un travail aidé par des machines. La multiplication d’usines enrobe les villes d’une épaisse fumée noire, cœur d’une révolution cherchant toujours plus de progrès… Tout va toujours plus vite : le bateau à vapeur remplace celui à voiles, le train remplace la diligence, l’automobile la charrette, la bicyclette les pieds. En 1900 le premier métro parisien sera inauguré.

La Grande-Bretagne est le berceau de la révolution industrielle, première à utiliser vapeur et charbon, forte d’une inventivité inédite lui valant le surnom d’Atelier du Monde. C’est le premier pays à saisir l’intérêt de vendre ses produits partout dans le monde en dominant mers et comptoirs. Favorisant la liberté d’entreprendre, l’Angleterre multiplie mines de charbon et villes industrielles, d’où une suprématie majeure au plan mondial et une avance longtemps irrattrapable. La France ne parviendra à suivre qu’au début du 19°, les deux pays constituant la 1° vague, la - États-Unis et Allemagne - se formera dans la 2nde moitié du 19° et la 3° concernera le Japon de la Russie, à la fin du 19°, période où l’Angleterre sera finalement dépassée par les acteurs de la 2° vague.

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C’est la montée en puissance de la bourgeoisie et son exigence de confort qui favorisa la révolution industrielle. Encourageant et finançant le progrès, elle transforma profondément la société : qualité de vie, instruction, liberté d’expression... À l’aube de la révolution industrielle, la noblesse, dépassée, est influencée par une bourgeoisie s’enrichissant toujours plus. Le paysannat constitue la majeure partie du peuple mais l’agriculture est archaïque, les conditions de vie moyenâgeuses. La révolution améliorera le travail agricole, mais la population rurale, bien qu’enrichie et mieux alimentée, conservera des modes de vie ancestraux. Quant au monde ouvrier, il était rare avant la révolution (pas d’usine, tout juste quelques manufactures royales), des commerçants urbains fournissait du matériel aux paysans pour fabriquer des produits revendus en ville, inventant le futur salariat.

Les ouvriers virent l’arrivée des machines comme une menace pour leur emploi, mais c’est l’inverse qui se produisit : la demande en main d’œuvre explosa. De nombreux paysans quittèrent leur campagne pour travailler en ville, d’autant que les progrès dus aux machines agricoles diminuaient le besoin de bras.
Alors une nouvelle classe sociale naquit, grandit : le prolétariat, population très pauvre aux conditions de travail très dures. Famines, épidémies dévastaient la seul classe où la mortalité ne baissa pas. Des intellectuels (Marx, Prud’hon) préconisèrent une révolte ouvrière, la bourgeoisie une politique sociale. Germeront fébrilement les amorces des premières politiques sociales (la grève ne sera plus réprimée à partir de 1864, le temps de travail commencera à décliner, les organisations syndicales naîtront).

C’est la bourgeoisie qui bénéficie des bienfaits de la révolution industrielle. Ce sont les débuts du tourisme, des baignades, des loisirs sportifs. Mais c’est aussi elle qui insuffle un esprit nouveau à la société. Au 19° les hommes sont empreints d’idées révolutionnaires, comme la notion de liberté (d’expression, de vote…). La presse parvint lentement à bannir censure et inaccessibilité de la presse aux plus pauvres. Et la France sera la première à ne plus conditionner le vote à la fortune, accordant le droit de vote à tous en 1848. La bourgeoisie œuvra pour l’instruction des enfants, et donc la capacité d’un vote éclairé. L’école devint un enjeu de société.

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Et puis la France se fera dépassée dans sa révolution industrielle, prise par ses nombreuses et successives autres révolutions, politiques surtout, mais aussi culturelles (grands mouvements artistiques : Romantisme, Impressionnisme…) et religieuses (les découvertes scientifiques remettent en cause l’existence d’un dieu et le peuple tend plus l’oreille vers les discours politiques que religieux, des groupes de Catholiques Libéraux tenteront de réconcilier science et foi).

Les pays acteurs de la révolution industrielle rivalisent d’expositions universelles, plus grandioses les unes que les autres ; celles parisiennes jouissent d’une grande renommée, avec leurs constructions éphémères, comme la tour Eiffel, finalement conservée. L’évolution sans égale de l’Europe l’encourage à dominer le monde, le coloniser, à s’enrichir en exportant le fruit d’une production massive. L’argent généré est tel que les banques deviennent indispensables, valant à l’Europe le surnom de Banquier du Monde. Mais l’Amérique conserve son imposante position géographique, économique, d’où une 2° révolution industrielle.  

Il faut en fait parler de Révolutions Industrielles, au pluriel. Après une dépression à la fin du 19°, due à des crises économiques et sociales, le prolétariat s’organise en syndicats s’opposant à la bourgeoisie industrielle qualifiée pour la première fois de Capitaliste. S’ensuit alors une 2° révolution industrielle (règne de l’électricité, de la mécanique, du pétrole, de la chimie, de l’automobile et du chemin de fer) qui ne s’achèvera qu’à la crise de 1929.  Moteur à combustion et pétrole seront à cette 2° révolution ce que machine à vapeur et charbon furent à la 1°. Principalement américaine, Il s’agit d’une industrie lourde, bouleversant profondément l’économie, créant de nouveaux secteurs (automobile…) et transformant les idéologiques : nouvelles méthodes de gestion, de production, d’organisation du travail.
Est évoquée une 3° révolution industrielle, du 20°s : l’informatique, les télécommunications, les transports, le nucléaire, les finances..., qui, s’ils ont bouleversé production, information et communication, sont trop récents pour affirmer qu’ils caractérisent une 3° révolution. Voilà pourquoi, à l’échelle de l’histoire, on parle plus généralement de Révolution Industrielle, au singulier, comme mère d’autant d’inventions en un siècle que depuis le début de l’humanité.