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Histoire du calendrier : Le calendrier actuel

Le calendrier en vigueur aujourd’hui est le calendrier grégorien, constitué de 12 mois de 30 ou 31 jours, sauf pour février qui compte 28 jours, 29 les années bissextiles, ces dernières intervenant toutes les 4 années, sauf si celles-ci sont divisibles par 400.

Une année solaire compte très exactement 365,24219 jours. Et le calendrier actuel engendre des années moyennes de 365,242101 jours. Autant dire que difficile, pour ne pas dire impossible, est la tâche d’aligner exactement notre calendrier sur le cycle de la Terre autour du soleil. Les calendriers égyptien, romain, julien, grégorien représentent les efforts successifs réalisés pour parvenir à cette synchronisation.
Notre calendrier actuel présente encore un léger décalage de 3 jours tous les 10 000 ans.

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Ce qui ne signifie pas que le calendrier grégorien ne soit pas critiqué. En effet, si son ajustement n’a pas été remis en cause, sa structure-même, elle, l’a été grandement.
Ainsi, d’abord son imprégnation profonde de christianisme, que constituent l’an 1 (ère chrétienne, naissance du Christ) et les références aux saints pour la désignation des jours et fêtes, a suscité de nombreuses critiques au fil des siècles, de la part des autres religions certes, mais aussi de la part des fervents défenseurs de la laïcité.
Concernant sa construction, il fut reproché au calendrier grégorien l’aspect incommode de la variabilité de la longueur de ses mois (28, 29, 30, 31), incommode pour l’organisation et l’observation de la vie économique et sociale, mais aussi incommode de par le caractère non entier du nombre de semaines dans le mois (4,33), la difficile correspondance entre le nom des jours et leur numéro dans le mois, la différence de durée des trimestres, semestres, ou encore le caractère non figé de certains jours fériés (Pâques).

Certaines propositions de modifications ont vu le jour.

Ainsi, pour corriger l’excès de 3 jours en 10 000 ans, il fut suggéré de désigner les années multiples de 4000 comme non bissextiles. Mais l’année solaire étant sur une si large période elle-même fluctuante (par siècle, l’année tropique perd 0.5 sec et le jour gagne 1,64 millisec), il serait illusoire autant qu’inutile et injustifié de tenter de raffiner la précision. En effet, si l’on peut considérer que les phénomènes que sont la lunaison et l’année tropique sont relativement invariables, elles ne le sont en fait que pour quelques siècles, ce qui est minime à l’échelle de l’histoire de l’humanité lorsque l’on observe les très longues périodes qu’ont couvert les calendriers romain et julien, ou même celui grégorien.

Pour ôter toute connotation religieuse au calendrier, il y eut quelques projets de calendriers laïcs, l’exemple même étant celui de la révolution française, qui ne dura pas. Un autre calendrier laïc, « calendrier fixe », fut proposé par Auguste Comte : le « calendrier positiviste », il ne sera jamais utilisé que par Comte lui-même.

Pour pallier l’incommodité de la variabilité du nombre de jours des mois, quelques propositions de réformes virent le jour, basées sur la notion de jour « épagomène » : un « jour blanc » n’entrant pas dans le décompte de la semaine ; en en ajoutant 1 les années normales et 2 les années bissextiles, le calendrier parviendrait à obtenir l’égalité 365 jours : 7 jours X 52 semaines + 1 jour. Ce fut la théorie de Marc Mastrofini en 1834. Et c’est un peu en substance la teneur des jours complémentaires du calendrier républicain.

Ces  derniers siècles ont connu un certain nombre de propositions de réformes du calendrier grégorien. Les plus connues sont celles du calendrier universel et du calendrier fixe. Au 20° siècle, la Sté des Nations et l’ONU ont mené des études, qui furent finalement abandonnées : en 1922 la Sté des Nationsconclura de conserver le calendrier en l’état tout en proposant une date fixe pour Pâques ; l’ONU, considérant notre calendrier comme mal adapté aux activités économiques modernes, envisage une réforme et a lancé pour cela un concours international.
Lors de la peur du bug du passage à l’an 2000, qui généra l’adaptation des systèmes informatiques, la question s’est posée de savoir à quel calendrier se référer, et la réponse fut de conserver le calendrier grégorien, par souci de simplicité.

Et ce sont les historiens qui ont dû se réjouir de cette décision, car à la lecture de l’histoire du calendrier, on ne peut que constater et admirer les travaux considérables que cela requiert de dénouer l’imbroglio qu’ils doivent affronter pour parvenir à établir une chronologie.

Pour sa défense, le calendrier est certes imparfait, mais il est naturellement impossible de faire autrement.
Les difficultés du calendrier résultent du fait que ses particularités ne sont pas créées artificiellement par l’homme mais au contraire engendrées naturellement par la nature et l’astronomie. L’homme et son calendrier tentent simplement de parvenir à organiser un alignement sur cette nature. Ce qui est en soi inextricable. En effet, la lune et le soleil avancent à leurs propres rythmes, indépendamment l’un de l’autre, de sorte qu’aucun résultat entier ne peut résulter de leur rapport fictivement organisé par l’homme. Et ce d’autant plus que la nature elle-même n’est pas régulière.
En effet, outre les dérives de millisecondes séculaires, il n’en demeure de toute façon pas moins d’autres particularités propres au cycle du soleil qui engendrent une différence de 7 jours entre l’hiver et l’été, ou au cycle de la lune qui n’est pas non plus fixe.

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Ces particularités sont à confronter à défaut d’harmoniser avec la vie de l’homme. Il faut bien, par exemple, définir un nombre entier de jours dans une année pour pouvoir l’observer et la suivre. Et les repères sont les levers du soleil qui ne peuvent être que regroupés dans un nombre entier. De même, depuis l’origine des temps, l’homme s’est fié à l’observation de la lune pour se situer dans le temps. La durée des mois, toujours avoisinant les lunaisons, est une donnée qui semble immuable dans tout calendrier, repère pour quiconque, instruit ou non, pour mesurer le temps passé. Dans l’histoire, certains métiers ont fait des lunaisons un outil essentiel de l’organisation de leur vie économique : les agriculteurs, les marins, une population majoritairement rurale. Et même si aujourd’hui, la civilisation urbaine devient dominante, le principe des mois ne saurait être remis en cause. La majorité des propositions de réformes contemporaines conservent dans leur projet l’unité mois.

Les calendriers revêtent une grande diversité de par le monde et les époques.
Dans la majorité des pays, il y a les 4 saisons, mais elles ne sont pas toujours placées au même moment : les calendriers chinois et celtes ont un été allant de mai à juillet et un solstice en son milieu, alors que dans notre calendrier actuel, le solstice marque le début de l’été. En Chine l’année débute au printemps, dans les pays scandinaves c’est au solstice d’hiver, devenu Noël.
Si les saisons sont des éléments constants à tous les calendriers, il n’en est pas de même pour l’astre auquel ils se réfèrent. Tous les calendriers dans le monde ne sont pas solaires : certains sont purement lunaires, ainsi celui musulman fait changer les mois à chaque lunaison ; d’autres sont dits « luni-solaires », comme les calendriers hébreux ou chinois qui ajoutent 1 mois tous les 2 ou 3 ans ; d’autres encore comme le calendrier égyptien ou celui maya sont dits « chronologiques », leur particularité étant d’avoir des unités rondes (mois égaux, sections de mois ne les chevauchant pas), ils faisaient preuve d’une grande précision, bien avant l’Europe, et serviront d’ailleurs de base de travail aux astronomes romains et moyenâgeux.
Bien d’autres calendriers ont existé et coexisté : le calendrier copte, haab, éthiopien, aztèque, persan... En fait, chaque grande civilisation a eu son calendrier, comme un moyen de marquer son époque.

Notre vie contemporaine conserve quelques empreintes des anciennes traditions calendaires :
Dans le monde entier la nouvelle année débute dans le bruit, censé éloigner le mal : cris de joie, pétards, klaxons, coups de fusil... 
Le poisson d’avril remonterait aux fausses étrennes, lointain souvenir des nouvels ans révolus (durant le carême, la viande étant interdite, le poisson était un présent fréquent comme étrenne de début d’année lorsque l’année commençait au printemps). Quand le jour de l’an passa au 1er janvier on se moquait de ceux qui par ignorance étaient restés fidèles à l’ancien nouvel an en leur offrant des poissons séchés, puis faux poissons, puis poissons en papier épinglé dans le dos, puis tous les canulars du 1er avril.
Le gui du nouvel an est celui que coupaient les druides celtes car il était réputé posséder une grande valeur protectrice. De nos jours il est sensé porter bonheur et c’est pourquoi il est de tradition de s’embrasser dessous le soir de la St Sylvestre.

Ces vestiges, au demeurant vivaces, sont désormais le plus souvent dénués de tout parti pris religieux. Ainsi, si l’on souhaite les fêtes (St Luc, Ste Marguerite), c’est davantage pour fêter un prénom, la référence au saint en tant qu’entité religieuse a quasiment disparu.

Alors qu’en est-il du rôle du calendrier actuel ? Qu’est-ce qu’un calendrier à l’ère informatique ?

Sa structure et son organisation sont inchangées depuis près de 5 siècles. Pourtant les choses ont bien changé depuis : nous sommes passés de l’agriculture locale à l’économie mondiale, en passant par l’industrialisation ou la société de services. Et nos outils de mesure du temps qui passe ont connu une évolution considérable. Il y a un monde de l’observation lunaire à la montre ; et nous pourrions même dire qu’il y un monde de cette montre à nos téléphones et agendas électroniques, organiseurs et autres gadgets.

Peut-on affirmer alors que le calendrier est devenu obsolète et inutile ? Après tout, nous sommes bien loin des nécessités de l’agriculture avec nos métiers modernes, des aléas du climat avec nos airs conditionnés…
Il n’en n’est rien. Le calendrier est devenu agenda, là est la simple différence, et en même temps toute la différence.
Certes les agendas ont toujours existé notamment sous la forme d’almanachs qui dictaient la vie paysanne. Mais justement, désormais, c’est nous qui faisons et dictons l’agenda et non plus l’inverse.

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Comment se manifeste le calendrier aujourd’hui ? Dans notre vie de tous les jours ?
Dans la vie privée, il est synonyme de planning, de jours de congés, de jours de travail, d’anniversaires, de vacances scolaires, d’examens… ; dans la vie professionnelle, il gère nos réunions, déplacements, dates de livraison, échéances de contrats, RTT, ponts… ; il a vu naître les fameuses heures d’été et d’hiver, l’attribution de jours dédiés à telle ou telle cause comme le jour de la femme, de la secrétaire…, ou encore la très controversée suppression française du jour férié de la Pentecôte.

Le calendrier actuel est un agenda qui ne se conçoit désormais plus sans son nouvel acolyte: la messagerie. L’agenda sert à organiser notre relation aux autres. Le calendrier seul ne servirait plus à grand-chose, de même que le nouvel outil indispensable pour l’homme moderne qu’est le mail serait demeuré réduit aux échanges épistolaires, s’ils n’avaient trouvé ensemble matière à s’épanouir dans la gestion de notre temps, de notre agenda, de notre planning, au travers d’une communication basée sur la rapidité. Les calendriers se partagent sur les logiciels de bureautique dans les entreprises. La date et l’heure sont directement affichées et automatiquement actualisées sur nos ordinateurs et autres téléphones et appareils portables. Nous faisons preuve d’une confiance numérique en la matière qui fait que nous ne nous demandons vraiment d’où vient cet outil/gadget du quotidien.
C’est cette multiplicité en nombre et en nature de nos activités (pro, perso, loisirs…) qui fait que le calendrier, plus que jamais, revêt une importance fondamentale dans la vie de l’homme… sans qu’il ne s’en rende compte.
C’est peut-être pour cela qu’il n’a toujours pas été modifié. Il n’est plus primordial en terme d’adaptation au climat (sans compter que ce dernier se « détraque » dit-on) comme en termes religieux, ni même en termes politiques. De fait, que les noms de jours soit des noms de saints, que les mois ne correspondent pas tout à fait aux lunaisons ou qu’une année sur 4 compte 1 jour de plus, ne nous pose en définitive pas de difficultés sensibles. De plus, l’attachement aux traditions, si ce n’est le regain contemporain pour ce qui est ancien, rituel, ne fait qu’abonder dans le sens du maintien de cet élément ancestral de notre vie. Enfin, si notre monde moderne évolue de plus en plus vite, en parallèle il est moins certain que nous acceptions, comme le firent les romains et autres sans-culottes, des modifications profondes comme des sauts de 10 jours ou des jours rajoutés aléatoirement en fin de mois. D’autant plus que, outre gêner notre confort moderne, cela aurait un impact désastreux pour nos activités économiques et statistiques. A propos de statistiques, nous pouvons à l’inverse arguer qu’avoir des mois ronds et des semaines qui ne les chevauchent pas, nous arrangeraient bien. Mais il faut bien admettre que si cela était possible, les scientifiques de l’histoire auraient déjà trouvé la solution.
En définitive, le calendrier actuel, même désuet ou inapproprié sous certains aspects, voit ces derniers atténués voir annihilés par tous les gadgets que l’informatique nous propose. Au final, chaque calendrier est personnalisé, adapté à chacun. De sorte que les fêtes et autres lunes n’apparaissent souvent plus. Et il y a fort à parier, sur une échelle multiséculaire, qu’ils sont amenés à disparaître.

En ce sens le calendrier grégorien actuel a encore de belles années devant lui. Ce qui n’est rien à l’échelle de l’histoire du calendrier : des siècles et millénaires de travaux, ajustements et autres réformes pour aboutir à un « produit fini » flirtant avec la précision. Mais flirtant seulement, sans jamais l’atteindre. Ce qui laisse la part belle à de futurs travaux, ajustements et autres réformes… Alors, rendez-vous dans 5 siècles !