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Histoire du calendrier : Le calendrier républicain

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire, a été créé suite à la Révolution française. En 1793, le gouvernement républicain annonça la mise en place d’un nouveau calendrier entièrement revu, abolissant celui grégorien. La Convention nationale l’institua le 24 novembre 1973 et le fit débuter aux premiers jours de la république.

L’objectif de la réforme était d’ôter toute chrétienté au calendrier, initiative s’inscrivant dans le grand mouvement de déchristianisation suscité par la Révolution française. Ce nouveau calendrier se voulait universel. Mais aux vues des références par lesquelles il a remplacé celles bibliques : la nature et tout ce qui touche au monde agraire, on ne peut que conclure qu’il a, dans les faits, remplacé une connotation par une autre : la vie agricole, qui, certes, était la plus représentative à l’époque en France, mais qui n’était finalement qu’intimement lié à ce pays et au poids économique de l’agriculture de son époque. Ce qui laissait présager une difficulté à se généraliser.

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L’invention du calendrier fut progressive. Le 20 septembre 1793, une commission composée d’astronomes, de scientifiques et d’artistes, dont le rapporteur était Charles-Gilbert Romme, présenta son projet à la Convention, qui le fera entrer en vigueur le lendemain de son décret du 5 octobre 1793, pardon, du 14 vendémiaire an II ! La nomenclature des mois et des jours se fera graduellement et continuera d’évoluer dans les mois qui suivront ; le calendrier définitif sera décrété le 24 nombre 1793, pardon, le 4 frimaire an II !

Ce sont presque toutes les données calendaires qui furent modifiées, en profondeur. Une révolution... Le début de l’année était déplacé, le numéro de cette année modifié, donc l’ère également. Les noms des jours et des mois furent tous entièrement revus. L’intercalation aussi fut sévèrement chamboulée. Même la semaine fut touchée : elle fut purement supprimée !

A quoi ressemblaient donc un jour, un mois, une année révolutionnaires ?

D’abord, fut décidée une nouvelle ère : l’ « ère de la Liberté », ou « ère des français ».
La révolution avait fait de la France un Etat laïc, et ambitionnait d’effacer le calendrier chrétien de la mémoire historique française. Ainsi, dès le lendemain de la prise de la Bastille en 1789, il était d’usage d’entendre l’année 1789 nommée « l’an 1 de la Liberté ». Et déjà le 22 septembre 1792, la Convention nationale annonçait que tous les actes civils seraient désormais datés à partir de l’an 1 de la République. A noter que, comme pour le calendrier chrétien, il n’y a pas d’an 0, l’ère commence directement par l’an 1. Le décret du 24 novembre 1793 abolit l’ « ère vulgaire » pour les usages civils et désigna le 22 septembre 1792 comme 1er jour de l’ « ère des français », soit le 1er vendémiaire an 1.

L’année est donc également bouleversée quant à son début, qui devient le 1er jour de l’équinoxe d’automne, soit entre le 22 et le 24 septembre. Il s’agissait de l’équinoxe entendu comme celui constaté à l’observatoire de Paris, l’année commençait au minuit, compté en temps vrai à Paris, qui précédait l’instant de l’équinoxe automnal. De par la nature même de cette fixation de début d’année, il fallait, dès après elle, compter d’ores et déjà le début de l’année suivante, afin de déterminer si l’année s’ouvrant était bissextile ou non.

L’année commençait donc à l’automne, le 22 septembre, et se répartissait en 4 trimestres dont les noms de mois faisaient référence au rythme de la nature ; chaque mois évoquait un aspect du climat français ou à un évènement de la vie paysanne. C’est le poète Fabre d’Eglantine qui les inventa. Ce qui donna :

Les mois d’automne, en « aire » :
- Vendémiaire (22 sept. - 21 oct.) = période des vendanges
- Brumaire (22 oct. - 20 nov.) = période des brumes
- Frimaire (21 nov. - 20 déc.) = période des frimas

Les mois d’hiver, en « ose », devenu « ôse »:
- Nivôse (21 déc. - 19 janv.) = période des neiges
- Pluviôse (20 janv. - 18 fév.) = période des pluies
- Ventôse (19 fév. - 20 mars) = période des vents

Les mois du printemps, en « al » :
- Germinal (21 mars - 19 avr.) = période de la germination
- Floréal (20 avr. - 19 mai) = période de la floraison
- Prairial (20 mai - 18 juin) = période de la récolte des prairies

Les mois d’été, en « idor » :
- Messidor (19 juin - 18 juill.) = période des moissons
- Thermidor (19 juill. - 17 août) = période des chaleurs
- Fructidor (18 août - 16 sept.) = période des fruits.

Ces mois avaient tous le même nombre de jours : 30, de sorte que 5 à 6 jours complémentaires devaient s’intercaler à la fin de fructidor jusqu’à l’arrivée de l’équinoxe d’automne, afin de calquer le nouveau calendrier sur l’année solaire, pour une moyenne de jours dans l’année de 365,2425. Ce système d’intercalation, appelé système des années sextiles, c’est-à-dire des années comptant 6 jours additionnels plutôt que 5, s’appliquait tous les 4 ans.

Dans la mesure où tous les jours furent renommés, les 5 complémentaires n’échappèrent pas à l’énumération et prirent le nom respectivement de :
Jour de la vertu, Jour du génie, Jour du travail, Jour de l’opinion, Jour des récompenses, et le 6° jour lors des années sextiles sera le Jour de la révolution.
Ces jours, appelés les sans-culottides étaient consacrés au fêtes commémoratives de la révolution et le Jour de la révolution était fête nationale.

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Les 360 autres jours de l’année portaient tous un nom en remplacement de ceux des saints du calendrier grégorien. Le poète Fabre d’Eglantine s’entoura d’André Thouin, jardiner du Jardin des plantes du Muséum d’histoire naturelle, pour attribuer à chaque jour des noms de plantes, de fleurs, d’arbres, d’animaux, d’instruments agricole, d’outils, etc.

Quant à leur dénomination dans le fil du mois, même les lundis, mardis et autres jours de la semaine furent modifiés, d’autant plus que la semaine fut abolie.
En effet, le calendrier républicain organisait le mois de 30 jours en 3 décades (= 10 jours). De sorte que les jours se nommèrent désormais :
Primidi, Duodi, Tridi, Quartidi, Quintidi, Sextidi, Septidi, Octidi, Nonidi, Decadi (étymologiquement « 1° jour, 2°, etc. »). Le 10° jour fut institué jour de repos. Si la symbolique déchristianisant de l’abolition de jour du seigneur était en cela forte, elle fut médiocrement appréciée de par la réduction du temps de repos qu’elle impliquait.

Cette révolution du calendrier révolutionnaire ne durera pas. Fortement lié à la situation politique, il volera en éclat dès le premier bouleversement gouvernemental. Ainsi, Napoléon Bonaparte l’abrogera et restaurera le calendrier grégorien à compter du 1er janvier 1806. Il sera de nouveau utilisé durant la commune de Paris en 1871… 15 jours, et uniquement pour les publications au journal officiel.

Certains théoriciens et autres écrits militants d’extrême gauche le conserveront, au moins symboliquement. D’autres propositions de calendriers laïcs ont vu le jour, en vain. Le calendrier grégorien reprendra effet en 1806 et jusqu’à aujourd’hui.