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Histoire du calendrier : Le calendrier grégorien

Le calendrier grégorien date du 16° siècle et est le fruit d’une réforme fondamentale du calendrier julien, devenue indispensable car les solstices et équinoxes avançaient de 11 minutes par an par rapport à l’année julienne (365,2425 jours), qui était donc de plus en plus longue que celle tropique (365,24219 jours). De sorte que le calendrier, n’étant pas suffisamment précis, se décalait de 3 jours tous les 400 ans. En 1582, il était décalé de 10 jours par rapport au soleil. Les dates des saisons ne correspondaient plus à la réalité solaire, ce qui déplaçait de plus en plus la date de Pâques, fête essentielle du printemps et du renouveau pour les chrétiens, vers l’été.

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Le pape Grégoire XIII initia donc une réforme. Pour ce faire il réunit un collège de scientifiques, dont les astronomes Luigi Lilio et Christophorus Clavius, et le mathématicien espagnol Pedro Chaco. Il leur demanda de former une commission destinée à réfléchir à un nouveau calendrier corrigeant la dérive séculaire du calendrier julien, puis de l’élaborer. Le nouveau calendrier qui en découlera sera nommé grégorien en l’honneur de son instigateur, et sera promulgué par bulle inter gravissimas du pape le 14 février 1582.

Il sera analogue au calendrier julien, se basant sur la révolution de la Terre autour du soleil pour désigner une année, l’an 1 étant l’Anno domini de l’ère chrétienne. Mais l’année moyenne du calendrier grégorien se rapprochera plus précisément de l’année solaire qui est de 365,24219 jours. Là, le résultat sera de 365,2425 jours. La précision est affinée même si elle n’est pas encore parfaite.

La réforme avait donc pour objectif de rétablir l’alignement du calendrier avec le soleil. Pour parvenir à cela l’objet de la réforme consista d’abord à rattraper artificiellement le retard, puis à établir de nouvelles règles d’intercalation.

C’est ainsi qu’il fut d’abord décidé une étape délicate mais indispensable : supprimer quelques jours exceptionnellement, c’’est à dire sauter d’une date à une autre, afin de rattraper d’un coup les 10 jours de retard. Il fut donc ordonné que le lendemain du 4 octobre 1582 soit le 15 octobre. Ce fut appliqué immédiatement à Rome, en Espagne, au Portugal. La France attendit décembre pour sauter du 9 au 20. En fait l’application respectueuse de cette mesure fut proportionnelle à la foi des pays concernés. En effet, s’agissant d’une décision papale, donc chrétienne, les premiers à se mettre au diapason furent les pays de foi chrétienne, et les derniers à céder furent ceux dont la religion était la plus éloignée. Ainsi, la Grande-Bretagne ne fit le saut de jours qu’en 1752 en passant du 2 au 14 septembre (ôtant au passage un jour supplémentaire car le retard julien s’était encore aggravé). Les derniers pays à adopter le calendrier grégorien furent l’URSS en 1918, la Roumaine et la Yougoslavie en 1919, la Grèce en 1924 et la Turquie en 1927.

Le saut de jours ne fut pas la seule réforme du calendrier grégorien. En effet, pour ne pas qu’un tel retard se reproduise, donc pour s’aligner plus précisément sur l’année solaire, le nouveau calendrier apporta une modification au système de l’intercalation, plus exactement à la distribution des années bissextiles. Cela consista à conserver une année bissextile tous les 4 ans, mais en établissant que seules les années séculaires dont le millésime est divisible par 400 demeureront bissextiles, les années normales étant donc celles multiples de 100 sans être multiples de 400. Cela supprima 3 années bissextiles en 400 ans. 1600 et 2000 furent bissextiles, 1700, 1800 et 1900 ne le furent pas ; 2400 le sera, 2100, 2200 et 2300 ne le seront pas.

 

Demeure actuellement une imprécision d’environ 1 jour tous les 3000 ans. En effet, cette règle engendre une année de 365,2425 jours, au lieu des 365,24219 solaires, ce qui aboutit à un excès de 3 jours tous les 10 000 ans. Il a été proposé de réformer cette règle en rendant les années divisibles par 4000 non bissextiles.

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Mais il ne faut pas oublier que l’astronomie elle-même évolue : chaque siècle, l’année tropique se réduit de 0.5 sec et le jour s’allonge de 1.64 millisec. De fait, il semble impossible d’arriver à un niveau de précision approchant l’exactitude, car quand bien même le système calendaire s’alignerait enfin parfaitement sur le système solaire, ce second évoluerait au point de rendre l’exactitude du premier erronée.

Une dernière étape de la réforme consista à replacer le premier jour de l’année au 1er janvier - comme l’avait prévu Jules César dans sa réforme de -46 av. J.-C. - là où l’usage avait repris de le mettre au 1er mars. En fait, la fixation du « jour de l’an » aura toujours été mouvante depuis le premier calendrier romain, continuellement objet de controverses et pratiques variant en fonction des territoires et des époques, jusqu’à enfin se figer par l’adoption quasi-universelle du 1er janvier au 16° siècle (1567 en France). En effet, l’Edit de Roussillon de 1564, complétant l’Edit de Paris et signé par Charles IX et sa mère Catherine de Médicis, imposèrent le 1er janvier.

Le calendrier grégorien essuiera quelques refus au début, et sera critiqué et objet de propositions de réformes diverses et variées (comme des calendriers laïcs). Le calendrier julien sera conservé jusqu’à aujourd’hui par certaines églises orthodoxes. D’autres établiront un calendrier julien rectifié, d’autres encore feront un « mix » des deux calendriers.
C’est vers la fin du 9° siècle, sous Charles Le Gros que l’emploi du calendrier grégorien devint quasi systématique chez les carolingiens. Il prit de plus en plus d’extension au point de devenir universel et perdurer jusqu’à nos jours, les anciens calendriers ne subsistant guère que pour des usages religieux. Il est donc celui qui régit nos agendas contemporains. Mais cela a failli ne pas être le cas. Car la France a connu une tentative de refonte intégrale du calendrier, qui, appliquée un temps, laissera sa place au retour du calendrier grégorien. Il s’agissait du calendrier républicain de la révolution française.