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Histoire du calendrier : Le calendrier julien

Le calendrier julien porte ce nom en référence à son créateur : Jules César. En 46 av. J.-C., ce dernier, précédemment élu Pontifex Maximus (personne chargée d’organiser le calendrier), mit fin au système du calendrier romain, réforma celui-ci - avec l’aide de l’astronome grec Sosigène d’Alexandrie -, et introduisit un nouveau calendrier, qui sera appliqué dès l’an 45 av. J.-C.

La réforme julienne avait pour objectif de pallier le manque de précision du calendrier romain et d’en corriger définitivement les défauts, afin de faire de l’année exactement le temps que met la Terre à faire sa révolution autour du soleil, soit 365,25 jours (il s’avèrera plus tard que l’année tropique (la durée allant d’un équinoxe de printemps à l’autre) est en fait plus précisément de 365,2422 jours). 

Avant de définir les nouvelles bases, la réforme se devait de réaligner l’année en cours sur le cycle des saisons, pour qu’elle débute en même temps que l’année tropique. Il commença donc par ajouter les 90 jours de retard à l’année en cours, au lieu des 27 habituels du mercedonius. Un mois intercalaire ayant déjà été effectué en février, il ajouta 67 autres jours en intercalant 2 mois exceptionnels entre novembre et décembre (intercalis prior et intercalis postérior). Par conséquent l’année 46 av. J.-C. dura 445 jours ! Ce qui lui valut le nom d’ « année de la confusion ». Mais ainsi, Jules César a rétabli la synchronisation des calendes avec l’équinoxe vernal.
Débuta alors l’année 45 av. J.-C. qui fut donc la première année d’application régulière du calendrier julien.

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En quoi consistait la réforme ?

Une de ses refontes fondamentales consista en l’abolition des mois intercalaires, qui furent remplacés par un allongement des mois et par la création des années bissextiles, pour lesquelles un jour de plus est rajouté à février.
Les mois adoptèrent donc les durées suivantes :
Januarius : 31 jours
Februarius : 29 ou 30 jours
Martius : 31 jours
Aprilis : 30 jours
Maius : 31 jours
Junius : 30 jours
Quintilis : 31 jours
Sextilis : 30 jours
September : 31 jours
October : 30 jours
November : 31 jours
December : 30 jours



Ces jours additionnels furent rajoutés en fin de mois, ce qui ne fut pas sans incidence sur les datations historiques, car cela augmenta le compte initial du jour situé juste après les ides à partir desquelles on comptait à rebours par rapport au mois suivant.

Furent par ailleurs introduites les années bissextiles, à savoir des cycles de 4 ans durant lesquels les 3 premières années contiennent 365 jours et la 4° 366, ce qui fait une moyenne de durée d’année de 365,25 jours, concordante avec l’année solaire. Cette 4° année fut rallongée d’1 jour, nouveau jour intercalaire, inséré en février. A l’origine il intervenait le 24 février, plus précisément le 23 (nommé sextus ante calendas martias = 6° jour avant les calendes de mars) fut doublé, ce qui lui conféra le nom de bis-sextus ante calendas martias (= 6° jour bis avant les calendes de mars) d’où l’expression « année bissextile ». Le but de ce doublement de jour était de ne pas interférer avec les fêtes religieuses des 5 derniers jours de février.
L’apparition des jours numérotés de façon consécutive dans leur ordre d’arrivée n’aura lieu qu’à la fin du Moyen âge. C’est à ce moment-là seulement que le jour supplémentaire de l’année bissextile sera le 29 février.

Jules César sera assassiné en 44 av. J.-C. et quintilis – mois de sa naissance - prit le nom de Julius(= Juillet) en son honneur.

 

L’année bissextile fut mal interprétée et donc mal appliquée par les pontifes qui organisèrent une année bissextile tous les 3 ans au lieu de 4. Et ce pendant 36 ans, ce qui aboutit à 3 jours de trop. L’empereur Auguste, successeur de César et Pontifex Maximus, pour corriger cette erreur, supprima toute intercalation pendant 12 ans (de 8 av. J.-C. à 5 ap. J.-C.) afin de réaligner l’année civile sur celle du soleil.
Il fut décidé par le Sénat d’honorer cette réforme augustine en attribuant à sextilis le nom d’Augustus(= août). C’est ce mois qui fut choisi car il suivait juillet comme Auguste succéda à César. Mais ce mois contenait un jour de moins que Julius, ce que n’aurait su être concevable, alors furent attribués 31 jours à Augustus, comme pour Julius, et les durées des mois suivants furent modifiés pour respecter l’alternance de 30 et 31 jours. Mais cela eut pour conséquence de rajouter un jour à l’année. Il fut donc décidé de supprimer un autre jour, ailleurs dans l’année. Du coup, c’est encore février qui en a fit les frais. On a beau lui rajouter 1 jour tous les 4 ans, il demeure indéfectiblement le plus petit de la bande.

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D’autres empereurs tenteront de donner leur nom à un mois, mais aucun changement ne leur survivra. Charlemagne essayera également de changer les noms de mois, avec un peu plus de pérennité, mais sans pour autant que ces modifications demeurent dans l’histoire.
C’est donc à partir du calendrier julien, et plus précisément de la réforme augustine, que les mois devinrent tels que nous les connaissons aujourd’hui, aussi bien dans leur nom que dans leur nombre de jours.

Les ides et les nones s’effacèrent progressivement au profit de l’application croissante de la semaine commerciale de 7 jours (provenant de l’est de l’empire) et face à l’influence du monde oriental sémitique puis chrétien, pour finalement disparaître au 3° siècle, où l’on se mit à compter les jours à partir du 1er jour du mois.

Le calendrier julien sera imposé dans tout l’empire romain, puis accepté par la chrétienté. Il fut communément utilisé en Europe et en Afrique du nord, et restera en vigueur jusqu’au 16° siècle.

Là où la notion d’années ou d’ères était quelque peu confuse et désordonnée sous l’empire romain, la chrétienté remportera progressivement l’application généralisée de sa méthode de calcul. En effet, depuis -153 av. J.- C., les années étaient désignées tantôt par la méthode post-consulaire, c’est-à-dire que l’année s’ouvrait avec la nomination des consuls (« consuls éponymes ») qui prenaient leur office le 1er janvier ; tantôt par la mention du nom de l’empereur. En 537 Justinien imposa la mention du nom de l’empereur en plus des autres formules et autorisa des « ères locales ». Après des hésitations, en 541, seul l’empereur dirigeant le consulat, pour un an, la datation post-consulaire devint la norme. Ce système sera aboli par Léon VI en 888.
Ailleurs existait une datation en fonction de la fondation de la ville. Ailleurs encore coexistaient diverses « ères locales », en outre, Anien d’Alexandrie énonça des ères fondées sur la bible, comme l’Etos Kosmou, largement répendue.
C’est la chrétienté qui l’emportera en fondant l’ « ère de l’incarnation » qui fixe l’an 1 (ap. J.-C.) de l’ère chrétienne, ou ère dionysienne, à la naissance du Christ, soit l’an 754 de « l’an de Rome ».
Cette façon de compter rencontrera une application lente pour ne finalement se généraliser que vers l’an 1000. La prééminence du monde chrétien a abouti à ce que l’ère de l’incarnation s’imposa universellement, débordant et se dévêtant de tout caractère religieux. Ainsi tous les actes civils et commerciaux se soumettront et se soumettent encore aujourd’hui à cette norme de datation.
A noter qu’il n’y a pas d’an 0 : on passe directement de l’an 1 av. J.-C. à l’an 1 ap. J.-C.
La réforme du calendrier julien finit par devenir impérative car l’année julienne moyenne de 365,25 jours aboutissait à un décalage d’1 jour tous les 134 ans. Mais ce n’est après de nombreuses propositions demeurées infructueuses, qu’en 1582, que Grégoire XIII y parvint… Ainsi naîtra le calendrier grégorien qui régit encore nos jours actuels.