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Histoire du calendrier : Le calendrier romain

Comprendre notre calendrier actuel et son histoire exige de nous intéresser aux origines des calendriers européens, à savoir les calendriers romains, ou « calendriers primitifs ».
Le calendrier romain, qui doit son nom à Romulus, légendaire fondateur et 1er roi de Rome, désigne l’ensemble des calendriers utilisés par les romains avant la création du calendrier julien, en 45 av. J.-C. Il a donc pour date d’origine celle de la fondation de Rome : 753 av. J.-C.
Le premier calendrier romain était lunaire. Il comprenait 10 mois, d’alternativement 29 et 30 jours, nommés en fonction de leur arrivée dans l’année : Primus, Secundus, Tertius, etc., jusqu’à December (= dixième). L’année commençait à l’équinoxe vernal (printemps) et durait 304 jours. Il fallait donc - pour se coordonner à l’année solaire - rajouter des jours à l’issue du mois de décembre jusqu’à la nouvelle lune d’équinoxe de printemps. Ces jours n’étaient pas nommés et sont les ancêtres des futurs mois de janvier et février alors inexistants.
Pa la suite les mois d’alternativement 30 et 31 jours, seront nommés :

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- Martius (mars, 31 jours), en l’honneur du  dieu romain de la guerre éponyme (et initialement de l’agriculture), marquant le retour de la guerre et le renouveau de l’activité agricole. Il préfigure le printemps (renouveau), c’est pourquoi il était le premier mois de l’année.
- Aprilis (avril, 30 jours), désigne l’ouverture de l’année et est dédié à la déesse grecque Aphrodite, déesse de l’amour ; issu du verbe aperire (= ouvrir), il se réfère ainsi certainement au printemps par l’évocation de l’ouverture des bourgeons, pour d’autres cela renvoie au mot apricus (= ensoleillé, clair, etc.), ou encore à Aperta, surnom d’Apollon, dieu de l’amour.
- Maius (mai, 31 jours) aurait pour origine primaire la très ancienne déesse grecque Maïa, signifiant mère, suivie de la déesse romaine du même nom, déesse de la fertilité, de la croissance et du printemps, intimement liée au mois de mai.
- Junius (juin, 30 jours), est relatif à Junon, déesse des femmes, du mariage et de la fécondité.
- Quintilis (juillet, 31 jours) signifiant 5° mois,
- Sextilis (août, 30 jours) signifiant 6° mois,
- September (septembre, 30 jours) signifiant 7° mois,
- October (octobre, 31 jours) signifiant 8° mois,
- November (novembre, 30 jours) signifiant 9° mois,
- Décember (décembre, 30 jours) signifiant 10° mois.

Mais, pour coller avec une année, il manquait encore une soixantaine de jours, qui étaient alors rajoutés irrégulièrement au fil des lunaisons. Rajoutés mais pas comptés sur le calendrier. C’est-à-dire que, concrètement, on arrêtait de compter les jours en hiver en attendant les calendes de mars marquant la première lune du printemps.
Les jours commençaient à midi. Les mois étaient divisés à l’origine en décades (10 jours), puis devinrent des nundines (8 jours révolus) avec l’instauration de la semaine commerçante. Trois jours dans le mois revêtaient une importance toute particulière : les calendes, les ides et les nones, respectivement le 1er, le 5 et le 13. Cela donnait des séries successives de 7 jours.

- Les calendes désignaient le 1er jour du mois et devaient correspondre à une nouvelle lune. C’était le jour des annonces officielles, où étaient déterminées les fêtes mobiles du mois suivant, et où les débiteurs devaient s’acquitter des intérêts de leurs dettes inscrites sur les calendaria. Les calendes de mars étaient une décade, puis une huitaine de jours de fête en l’honneur du dieu Mars, organisées en fin d’année jusqu’au jour dit. Car les jours se désignaient et se comptaient à rebours du jour repère. Et ce dernier était inclut dans le comptage. De sorte que le 3° jour avant tel jour correspondrait dans les comptages contemporains au 2° jour avant.
- Etait comptés de la même façon les ides, désignant le 15° jour des mois de 31 jours, le 13° de ceux de 30 jours. L’ide correspond à la pleine lune. Pour exprimer une date postérieure auxides, on reprenait la notion de calendes du mois suivant.
- Les nones, désignaient le 7° jour des mois de 31 jours et le 5° pour les autres mois. Cela peut s’exprimer aussi comme le 9° jour avant les ides. Les nones correspondaient au premier quartier de lune.

Les veilles de ces jours repères se nommaient pridie, et les avant-veilles ante diem tertium. A ces termes ont ajoutait le jour repère et son nom. Alors, exerçons nous un peu : Comment appelait-on le 5 mars ? … Trouvé ? … ante diem tertium nonas martius ! Explications : on se réfère à rebours du prochain jour repère : les nones de mars (=nonis martiis) soit le 7 mars car il s’agit d’un mois de 31 jours, ensuite on observe que le 5 est l’avant-veille du 7, et l’on se rappelle que le jour repère est compris dans le comptage, donc il s’agit du 3° jour avant (= ante diem tertium).

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Une première réforme fondamentale du calendrier romain intervint sous le règne du roi Numa Ponpilius, à l’aube du 7° siècle av. J.-C. Le Calendrier de Numa créa 2 mois supplémentaires. Pour ce faire, 50 jours furent rajoutés à l’année et les mois de 30 jours perdirent 1 jour chacun, tandis que les deux nouveaux n’en compteront que 28. Ils seront nommés Januarias (Janvier) et Februarias (Février).
Le nom Januarius fut choisi en l’honneur du dieu Janus. Il est intéressant de remarquer que Janus était le gardien des passages et croisements, divinité du changement, de la transition, du commencement, ce qui préfigure que plus tard il ouvrira l’année.
Quant au nom Frebruarius, il fut donné en l’honneur du dieu Febreuus, dieu de la purification, dont les cérémonies avaient lieu à cette période. Cela vient du verbe februare (= purifier).
Fut ajouté un mois supplémentaire : Mens Intercalis, de 29 jours, il apparaissait uniquement tous les 4 ans.

Ainsi établi, le calendrier comptait 354 jours (384 tous les 4 ans), soit une durée moyenne d’année approchant celle d’une année lunaire.
Mais la superstition romaine considérait les nombres pairs comme néfastes et ceux impairs comme favorables. Ils portèrent donc l’année à 355 jours en octroyant un jour supplémentaire à janvier.
Dans ce système subsistaient des difficultés : l’année était encore trop courte (362.5 jours en moyenne) par rapport à l’année solaire, ce qui nécessitait des rajouts de jours aléatoires pour demeurer en accord avec les saisons.

Une nouvelle réforme intervint sous la république romaine en 450 av. J.-C. Le calendrier devint solaire. Furent inversés les mois de janvier et février. C’est la république romaine qui instaura la semaine commerçante de 8 jours. Mensis intercalaris prit le nom de Mercedonius, en raison des mercenaires qui recevaient leur salaire (=merces) à ce moment-là. L’année étant encore trop courte d’une dizaine de jours par rapport aux saisons. Afin d’ajuster le calendrier sur l’année solaire, tous les deux ans, furent intercalés 22 ou 23 jours entre le 23 et le 24 février, qui avec ces derniers, formaient le mercedoniusde 27 jours. De la sorte, la durée moyenne des années était de 365,25 jours, donc très proche de l’année solaire. De même, la durée moyenne des mois était de 29.53 jours, ce qui suivait sensiblement les lunaisons.

Au 2° siècle av. J.-C., il fut décidé que l’année commencera par le mois de janvier et non plus mars, le 1er janvier étant la date d’élection des consuls romains.

Le mois intercalaire causera finalement de nombreux problèmes, car, laissé au libre arbitre des pontifes, qui manipulaient le calendrier parfois hasardeusement, ou encore davantage en fonction de motivations politiques. De même, les consuls appliquaient ces décisions avec une certaine négligence ou en favorisant des dates d’échéances ; enfin, le mois intercalaire fut oublié durant les guerres. Au final, le calendrier, ayant subi trop de défauts d’intercalations, s’avérera compliqué, d’autant plus qu’il se décalait par rapport aux saisons, aidé en cela par le fait qu’il contenait un jour de plus que l’année tropique.

En 46 av. J.-C., ces nombreuses omissions aboutirent à ce que l’année se retrouvait décalée de 3 mois par rapport aux saisons. Le calendrier relevait alors d’un désordre incompréhensible et était par conséquent mal respecté, et ce d’autant plus que le citoyen romain moyen résidait loin de Rome (l’Empire romain étant vaste) et que les décisions d’intercalation étaient prises au dernier moment.
Ces années furent nommées « les années de la confusion », Jules César y mettra fin en instaurant le calendrier julien. (Auparavant, il avait déjà ajouté un jour au mois de septembre, le lendemain des ides.)