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Histoire du calendrier : Le calendrier - généralités

Le calendrier est un élément discret mais omniprésent de notre quotidien, il le ponctue. Nous l’utilisons tout au long de l’année sans vraiment y penser, ni songer à ses origines, sa nature et encore moins son exactitude. Il est notre repère, d’une nécessité évidente et d’une apparence immuable. Mais il n’en est rien. Pour exemple, savez-vous que le jour de l’an n’a pas toujours été le 1er janvier, de même qu’il n’y a pas toujours eu 12 mois ? Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi septembre ressemble terriblement au mot sept alors que c’est le 9° mois ?

Le calendrier tel que nous le connaissons est le fruit d’ancestrales procédés de calculs, devenus de plus en plus élaborés et précis au fil de l’histoire. Histoire dont les évènements n’ont pas été sans influence sur son fonctionnement.

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Si l’on remonte aux origines, non pas au premier calendrier, mais aux premières mesures du temps, on comprend qu’il a bien fallu qu’un jour l’homme apprenne à maîtriser le temps qui passe, pour organiser et prévoir sa vie, ses activités : l’agriculture, les migrations, le commerce, l’ordre social, les fêtes religieuses, etc.

Ainsi les hommes des origines ont remarqué que le soleil se levait et se couchait, identifiant ainsi les jours et les nuits. Le jour fut donc le premier élément de comptage, l’outil de ce calcul étant le soleil. Ensuite, ils ont observé que la lune croissait et décroissait à intervalles réguliers, la pleine lune intervenant tous les 29 jours, ainsi fut établi le mois, son outil de calcul étant la lune. En outre, ils notèrent que le climat se modifiait au fil des mois, ils identifièrent alors les saisons, là encore c’est le soleil qui leur servait de repère ; et, remarquant qu’à l’issue de 4 saisons, un nouveau cycle identique se reproduisait, ils découvrirent l’année.

La mesure du temps se perfectionnera et s’ancrera dans la vie des civilisations avec l’apparition de l’écrit.En effet, à mesure que l’histoire humaine évoluait, se développa la volonté de garder trace des évènements jalonnant son parcours. Fut alors élaboré un moyen d’écrire dans l’ordre toutes ces unités de mesures du temps et leur succession. Ainsi naîtra le calendrier, et plus généralement la chronologie de l’histoire, car il en est l’outil fondamental. Ce calendrier ne cessera par la suite d’être modifié et diversifié selon les contrées, les religions et les époques. Et nous ne pouvons en aucun cas affirmer que le modèle sur lequel nous nous basons aujourd’hui est figé.

Le  mot « calendrier »provient du nom latincalendae, signifiant « qui sont appelés », en référence au verbecalare(= appeler). Cela donna les motscalendes, élément calendaire fondamental durant des siècles, etcalendaria(= livres de comptes) où étaient inscrites les dettes.

Aujourd’hui le calendrier se définit comme un système de division du temps par années, mois et jours. C’est un moyen de repérage des dates en fonction du temps,  un procédé crée par l’homme pour recenser de façon logique et précise les unités de temps, dans l’objectif de demeurer le plus étroitement en accord avec les phénomènes astronomiques, afin de pouvoir ainsi, en retour, s’y référer pour observer les dits évènements, mais aussi ceux en découlant : astrologiques, religieux.

La mesure du temps a toujours été intimement liée à l’astronomie, la plupart des calendriers de par le monde et l’histoire se sont toujours référés au soleil et/ou à la lune. C’est ainsi qu’il y a trois sortes de calendriers : les systèmes dits solaires (fondés sur les saisons et donc le cycle annuel du soleil), les systèmes lunaires (réglés sur le cycle mensuel de la lune, ses phases, la nouvelle lune constituant le premier jour du mois), et les systèmes luni-solaires (se référant aux deux systèmes). S’ils ont en commun d’avoir pour unité de comptage le jour en tant que nombre entier, en revanche un cycle solaire – une année – est constitué de 365,24219 jours, tandis qu’un cycle lunaire – un mois – est formé de 29,53 jours. Et il FAUT chipoter avec les multiples chiffres après la virgule, ne surtout pas arrondir, car ils ont une importance immense, insoupçonnée au prime abord. Ils sont en soi générateurs de décalages conséquents. Et si le calendrier a une histoire, et une longue histoire, c’est justement à cause de ces petits chiffres après la virgule.

Les unités du calendrier se référant à des astres différents et indépendants l’un de l’autre, le mois étant lunaire et l’année étant solaire, d’inévitables etinextricables difficultéssont nées de l’indivisibilité absolue du nombre de jour d’une année par le nombre de jour du mois. En effet, l’année définie et le mois défini doivent impérativement comporter respectivement un nombre entier de mois et de jours. Allez ! Tentons la division tout de même pour voir : 365,24219 jours / 29,53 jours = 12,36851303758889 mois. Bon alors, d’ores et déjà, nous pouvons dire qu’il y a 12 mois et des poussières. Oui mais que faisons-nous de ces poussières ? Alors, cherchons le nombre de jours qu’elles donnent : 0,36851303758889 mois X 29,53 jours = 10,88821899999992 jours, soit 10 jours et des poussières. Encore des poussières ! Nous aurons beau essayer, il y aura toujours des chiffres après la virgule. Et l’on ne peut pas modifier la durée du jour pour rentrer dans les cases. En effet, le jour (avec sa cousine la semaine) est bien l’unité de temps la seule stable et intangible : il débute avec le lever du soleil et s’achève juste avant la levée du soleil suivant.

Ceci explique les problématiques complexes, rencontrées par toutes les civilisations et qui ont construit l’histoire du calendrier, pour former un calendrier exact ou s’y approchant, c’est-à-dire se maintenant au plus près de l’unité de temps choisie : l’année (soleil) ou le mois (lune).

Mais que sont ces unités de temps ?

Tous les calendriers, aussi différents puissent-ils être, se sont servis des unités que sont le jour (solaire), le mois (lunaire), l’année (solaire), en privilégiant un astre plutôt qu’un autre, le soleil ou la lune.
Ces unités sont universelles car elles se basent sur l’observation de phénomènes naturels et d’une durée définie par des phases astronomiques.

Le mot « jour » nous vient du latin diurnum, die. Le « di » terminant les noms de jour est donc un vestige latin. Ainsi :
- « lundi » vient de Lunae dies (= Jour de la Lune),
- « mardi » vient Martis dies (= Jour de Mars),
- « mercredi » vient de Mercoris dies (= Jour de Mercure),
- « jeudi » vient de Jovis dies (= Jour de Jupiter),
- « vendredi » vient de Veneris dies (= Jour de Vénus),
- « samedi » vient de Sambati dies (= Jour du Sabbat), ou de Saturne selon les romains,
- « dimanche » vient de dies Domenicus (= Jour du Seigneur), il fut un temps où c’était le 1er jour de la semaine ; il fut déclaré jour de repos (férié) en 321 par Constantin).

Ces noms possèdent une forte imprégnation de l’astronomie, elle-même très imbibée de religion.
Le jour désigne plus précisément le jour solaire, c’est-à-dire l’intervalle de temps séparant deux positions identiques consécutives du soleil : 2 levers, 2 couchers, 2 passages à un même méridien. Il est constitué de 244 heures. Elément le plus aisément constatable naturellement car touchant à notre vie quotidienne par le biais de l’alternance du jour et de la nuit, il a de tous temps et partout sur la Terre toujours été l’unité la plus fondamentale de reconnaissance et de mesure du temps écoulé. A une époque où les peuples vivaient sans contacts entre eux, cela a très bien fonctionné, mais le développement des échanges et voyages, puis des horloges, ont créé des difficultés nées du fait que la rotation de la Terre implique que le lever du soleil n’a pas lieu au même moment sur chaque lieu de la planète. C’est seulement au 19° siècle que seront identifiés et organisés les fuseaux horaires. Il demeure que, globalement, l’unité-jour est le plus facile et le moins litigieux des repères temporels ; « globalement » car saviez-vous, si l’on veut pinailler, que le jour ne fait pas toujours exactement 24 heures ? Effectivement, il varie de 23H, 59 min et 39 sec à 24H, 0 min et 30 sec.

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Une autre unité, proche du jour, est la semaine, du latin septimana. Elle est constituée par une période consécutive de 7 jours.
Invention purement humaine et ne relevant pas d’un élément naturel, elle fut employée en Occident à partir du 3° siècle. La semaine de 7 jours fut créée aux alentours du 5° siècle pour bénéficier d’une longueur de période pratique dans de nombreuses activités. Pourquoi 7 ? Et pas 6 ou 8 ? Encore une origine astronomique ou religieuse ? Eh bien oui, les deux. D’une part, le 7 correspond à peu près à une phase lunaire (quartier), d’autre part, le 7 était un chiffre sacré : le nombre de jours qu’il fallut à Dieu pour créer le monde dans les religions chrétienne et juive. La symbolique du 7 variait d’une civilisation à l’autre. Ainsi en Mésopotamie, le 7 était néfaste, il ne fallait rien entreprendre les jours multiples de 7, de même que le samedi était institué jour de repos (shabbat), directives qu’adoptèrent les hébreux qui furent ainsi les premiers avec les chaldéens à adopter la semaine de 7 jours. Mais il y a eu dans l’histoire du calendrier des sections de mois différentes, ainsi les calendriers égyptien, chinois, grec, julien et même républicain divisaient le mois en décades (10 jours). Chez les javanais c’était 5 jours.
Phénomène artificiel et non naturel, la semaine (tout comme la quinzaine) n’est absolument pas un divisible absolu du mois, hormis pour février les années non bissextiles. Elle a été créée surtout pour organiser l’activité de l’homme : travail, repos, périodicités agricoles. Il faut 4,34812 semaines pour faire un mois.

Le mois est une unité bien plus omplexe mais aussi bien plus naturelle, et simple à observer. Le mot « mois » vient du latin mensis, lui-même issu de plus lointaines origines signifiant « lune ».
Historiquement, il s’agit de l’intervalle séparant deux nouvelles lunes consécutives, c’est à dire deux phases où la lune se situe entre la Terre et le soleil. Cet intervalle, également appelé mouvement orbital, lunaison ou encore mois synodique, correspond à une période de 29 jours, 12H, 44 min et 2,9 sec… Bon, d’accord, en réalité ce nombre varie entre 29 jours, 6H et 29 jours, 20H.
Cette longueur des lunaisons est à l’origine de ce qui a motivé d’attribuer aux mois des nombres de jours alternativement différents et surtout supérieurs au nombre de jours des lunaisons, et ce afin de parvenir à un nombre de jours annuel correspondant à l’année solaire.
Cette technique, somme toute aléatoire, s’est ajoutée à une autre difficulté : l’année. L’année ne comporte pas un nombre absolu de semaines, en effet, une année contenant 365,24219 jours, elle comporte donc 12,36827 semaines. En cela tient à l’essence même des difficultés à établir un calendrier : le mois est lunaire, l’année est solaire. Ceci est quasi insoluble. Mais il a bien fallu tenter d’approcher au plus près la réalité astronomique. Alors, pour réaliser un calendrier annuel utilisable, il fallait établir un accord entre mois et année, plus précisément entre mois et saisons. C’est ainsi que les romains et les chaldéens, pour éviter une désynchronisation, ajoutèrent tous les 3 ans un 13° mois. Difficile à imaginer de nos jours où un simple jour en février peut être vécu comme une contrariété. Ce 13° mois, s’il ne constituait pas une solution parfaite et tout à fait exacte de synchronisation, avait le mérite d’essayer, comme le feront toutes les tentatives historiques de réformes du calendrier, qui, très vite, abandonneront l’idée de réconcilier le soleil et la lune, de  coordonner l’année solaire et le mois lunaire. Il semblerait que ce soit le soleil qui gagnera, les calendriers solaires devenant prédominants. C’est ainsi que le celui grégorien, solaire par excellence, abandonnera la synchronisation avec les cycles lunaires. Et ceci est à l’image de l’histoire contemporaine où la lune influence bien moins nos activités que les saisons (soleil). Dans des territoires très ensoleillés et peu marqués par les saisons, la méthode lunaire perdure.

Les noms des mois nous viennent des romains. Ils ont des origines religieuses et font traditionnellement référence aux évènements saisonniers ponctuant l’année. Cette forte empreinte des saisons dans la dénomination des mois est particulièrement remarquable pour le printemps, qui a longtemps commencé l’année.

La saison est intimement liée à l’année, puisqu’elle correspond à l’intervalle de temps durant lequel la Terre occupe une certaine portion de sa révolution autour du soleil. Cette période revêt une certaine constance climatique et est ponctuée par les équinoxes et solstices, englobant de la sorte un trimestre. Ses attributs climatiques lui ont fait jouer un rôle majeur dans l’agriculture. Son lien avec l’année tient au fait que la Terre effectue sa révolution en incluant un autre paramètre : une inclinaison par rapport à son orbite, inclinaison qui a pour conséquence que, selon les moments de l’année, la Terre est plus ou moins proche du soleil, d’où un impact sur le climat aboutissant à des saisons.

Une année correspond à une révolution de la Terre autour du soleil, elle est donc achevée lorsque le soleil revient en face de la même étoile, on parle alors d’année sidérale, durant 365 jours, 6H, 9 min et 9,5 sec. Les origines du mot « année » datent de l’Antiquité, où la croyance voulait qu’un anneau portant les 12 constellations était fixé autour de la Terre. « Anneau » a donné « année ».
La révélation de l’unité-année semble être attribuée au calendrier égyptien, mais elle a aussi été évoquée à propos des aztèques et des mayas.

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Tenter de combiner entre elles des unités naturelles que sont les phénomènes astronomiques liés à la Terre et au soleil, est une tâche souvent délicate et toujours impossible avec exactitude. En effet, ces manifestations naturelles sont totalement indépendantes les unes des autres, de sorte que tenter de les coordonner précisément est vain, car les unités définies par ces phénomènes ne sont pas commensurables, c’est-à-dire que leur rapport n’aboutit pas à un nombre entier.
De fait, toutes les civilisations qui ont tenté de de formuler un calendrier ont dû choisir entre l’arithmétique et l’astronomique. Ainsi, dans la première, le calendrier se désynchronise au fil du temps, alors que dans la seconde il est recalé empiriquement en fonction des astres, au détriment de la continuité des jours. Les calendriers égyptien, julien, grégorien, jusqu’à l’actuel, ont combiné l’année et le jour (une année = 365,242201 jours), et cela a nécessité de sans cesse tenter de synchroniser au mieux l’année avec le cycle de rotation de la Terre. Encore aujourd’hui, il y a un écart de 3 jours sur 10 000 ans. Les anciens calendriers lunaires quant à eux combinaient le mois et le jour en faisant alterner des mois de 30 et 29 jours, et en rajoutant un jour tous les 30 mois, afin d’arriver à se calquer le plus possible sur les lunaisons.
Les calendriers contemporains, ayant poussé leur effort de précision très loin, ont abandonné de tenter d’allier systèmes solaires et lunaires, de sorte que le second fut pratiquement abandonné. Notre calendrier actuel, le calendrier grégorien, est solaire. Celui musulman est demeuré lunaire. Et celui hébraïque, quant à lui, se base sur un cycle dit métonique qui veut que 235 mois = 19 années dont 7 de 13 mois et 12 de 12 mois, système opérant tout de même une désynchronisation.
Enfin, combiner l’année et les mois évolua au fil des civilisations. Ainsi, si généralement les solstices marquaient les milieux de saisons, ils en ponctuent aujourd’hui les débuts.

Ce caractère incommensurable des unités de référence permettant de calculer et organiser le temps a abouti à de nombreuses et diverses solutions, adoptées différemment selon les endroits du globe, les climats, les traditions.
L’histoire de notre calendrier, celui qui a régit notre territoire est le fruit de nombreux travaux et réformes, tendant tous à un meilleur alignement de la réalité calendaire sur celle astronomique. Ainsi, se sont succédés le calendrier romain, puis celui julien, ensuite celui grégorien, un instant celui républicain, pour finalement revenir aujourd’hui au grégorien.