bannière saison
Retour sur le blog

LE 8 mai 1945

Date commémorative de la fin de la 2nde Guerre mondiale, le 8 mai 1945 désigne le jour où fut signée la reddition de l’Allemagne. Une signature pas si simple et une date pas si évidente. Ce qui reste constant, c’est qu’est fêtée ce jour-là la fin d’un conflit mondial qui fit des dizaines de millions de morts.

8-mai

La fin de 6 ans de guerre

1939. Hitler envahit la Pologne puis presque toute l’Europe. Par armistice du 22 juin 1940, la France capitule. Pays envahis, Angleterre, Amérique et Résistance s’allient et font front. Dès 1942, des résultats se font sentir, l’Allemagne recule, la dernière grande bataille étant le débarquement de Normandie, le 6 juin 1944. En févr. 45, l’Allemagne est envahie par l’est et l’ouest, les troupes soviétiques et anglo-américaines se rejoignant sur l’Elbe le 25 avr. Le 30 Hitler se suicide. 48H après, l’Armée rouge entre dans Berlin. La capitulation de l’Allemagne est en marche.

Capituler mais comment

Devant l’inévitable défaite et sous le joug soviétique, Dônitz, successeur d’Hitler, doit demander aux puissances Alliées la cessation des combats. Espérant un délai pour rapatrier troupes et ressortissants, il envoie l’amiral Friedeburg auprès des Alliés. La rencontre se fait à Reims, siège du QG du général Eisenhower, commandant en chef des forces Alliées. Celui-ci refuse et prévient Staline. Dônitz envoie alors le maréchal Jodi. Cette fois Einsenhower accepte la reddition, mais pas les délais demandés. Il exige une capitulation immédiate et sans condition, menaçant de terribles offensives militaires. Jodi n’a pas le choix.

La signature...

7 mai 1945, 2 h 41. L’atmosphère est tendue, les traits sont tirés, tout se fait dans l’urgence et l’importance historique du moment. Jodi signe en présence d’Einsenhower et du général soviétique Sousloparov qui signent à leur tour au nom des vainqueurs, le Général Sevez, chef d’état-major de De Gaulle, n’étant invité qu’à contresigner à la fin en qualité de simple témoin, la France s’étant officiellement retirée de la guerre en 40.
L’acte précise que les hostilités cesseront le lendemain 8 mai à 23 h 01.

… Ou plutôt les signatures

La nouvelle déclenche la colère de Staline qui considère qu’une capitulation en zone occupée par les Anglo-saxons ne suffit pas. Il exige que cela ait lieu au cœur du III° Reich, zone sous son occupation.

QG des forces soviétiques, une banlieue de Berlin ravagée par les bombardements. Le maréchal soviétique Joukov ouvre la cérémonie de ratification, puis le Haut commandement allemand représenté par le feldmarshall Keitel signe. Côté français, c’est le Général de Lattre de Tassigny qui signe, De Gaulle ayant convaincu Churchill d’accorder une place à son gouvernement dans l’acte. L’objectif est symbolique : valider la France aux côtés des Alliés victorieux, primordial pour une réconciliation nationale, et présenter le régime de Vichy comme usurpateur.

La capitulation est signée dans la nuit du 8 au 9, à OH16, 23H16 heure de l’ouest, 1H16 pour Moscou. Est stipulée une entrée en vigueur à 23 h 1, 1H01 à Moscou.

Une date fériée… enfin des dates, et pas toujours fériées

La date retenue par l’Est est le 9 mai puisque la 2nde signature y a eu lieu à 1H01. La volonté de Staline étant de montrer aux Alliés que l’URSS ne compte pas se laisse voler la victoire. Pour la France, c’est le 8 mai qui est fêté, pour souligner le 1er acte signé sur le sol français. La France est la seule à retenir le 8 mai et en avoir fait un jour férié.

C’est une loi de 1946 qui fait du 8 mai un jour de commémoration, la date variant selon si c’est dimanche ou non. Mais cela concurrence la fête de Jeanne d’Arc. À la demande des anciens déportés et résistants, une loi de 1953 fait du 8 mai un jour mémoriel fixe et férié. En 1959, De Gaulle supprime le caractère férié et la date redevient variable (2ème dim. de mai) jusqu’à une loi de 1968 qui rend le 8 mai fixe. En 1975, par logique de réconciliation franco-allemande, Giscard d’Estaing supprime la commémoration au profit d’une « Journée de l’Europe ». C’est en 1981 que Mitterrand rétablit le 8 mai comme jour mémoriel et férié. 

Une date pas tout à fait anniversaire

Le 8 mai, c’est l’anniversaire de la fin des combats en Europe qui est commémorée, seulement en Europe. En effet, après le 8 mai, le Japon, allié de l’Allemagne, poursuit son combat suicidaire contre les américains dans l’océan pacifique. Les bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki des 6 et 9 août 1945 finissent par le faire capituler, le 2 sept. 1945. C’est donc 4 mois après la reddition allemande que la 2nde Guerre mondiale s’achève réellement.

Mais une date de fête

Au-delà des controverses, c’est bel et bien la libération de l’Europe de la domination nazie qui est fêtée, de façon officielle et nationale : le président passe en revue les troupes sur la place de l’Étoile, dépose une gerbe et ravive la flamme sur la tombe du Soldat inconnu au pied de l’Arc de Triomphe. Lors de passations de pouvoirs, c’est conjointement qu’ancien et nouveau présidents mènent la cérémonie.
Chaque ville a son avenue du 8 mai 45, sa rue de Lattre de Tassigny, dire si le sujet réunit la France autour d’une culture commune de ce qui est avant tout une fête.

Retour sur les premières heures du premier 8 mai

8 mai 1945. Simultanément, les pays signataires annoncent la nouvelle sur leur radio nationale. En France, les cloches de toutes les églises sonnent pour signifier officiellement la fin de la guerre. La population laisse éclater sa joie. La foule et chants patriotiques envahissent les rues, rappelant la Libération de 1944. Mais cette fois c’est bien fini : le pays entier, l’Europe entière, sont libérés.
En Russie, il se dit que le 10 mai fut le jour où le pays se retrouva en pénurie de Vodka. 15 % de sa population avait laissé la vie dans ce conflit qui fit en tout entre 40 et 50 millions de morts.