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La Semaine du Goût

Goût

La gastronomie à l’honneur

La Semaine du Goût est un rendez-vous gourmand réunissant petits et grands autour de la découverte des saveurs. C’est une belle aventure, de plus de 20 ans déjà, dont l’ambition est d’éduquer au goût, tout en offrant l’occasion aux professionnels de transmettre un savoir-faire et d’encourager à consommer responsable. Mais c’est surtout une histoire d’hommes et de femmes œuvrant dans un même objectif : partager leur passion du goût : la tradition, le terroir, mais aussi le plaisir, la créativité.

Une réaction à la malbouffe

La malbouffe, c’est le nom donné tant aux aliments nocifs pour la santé, qu’aux comportements alimentaires modernes qui se révèlent dangereux. Les mentalités commencent à évoluer, mais le chemin est long et les (mauvaises) habitudes ont la dent dure. Certes, chaînes de fast-food et industriels ont adapté leur communication vers plus de diététique, et le Ministère de la Santé multiplie les messages d’avertissement. Mais ce sont des spécialistes médiatisés de la gastronomie, fervents défenseurs des richesses du patrimoine culinaire français, qui sont parvenus à sensibiliser le public en créant la Semaine du Goût, conscients que c’était d’éducation dont il était question et que c’était donc auprès des enfants qu’il fallait agir.

Une création de Laurent Petitrenaud

C’est Laurent Petitrenaud et la Collective du Sucre qui initieront la première célébration de la gastronomie.
Monsieur Petitrenaud est un critique gastronomique connu pour ses émissions de cuisine mettant l’accent sur le terroir, mais c’est aussi un ancien éducateur, de même qu’un homme de théâtre. Qui mieux que lui donc allait savoir sensibiliser le public, et plus particulièrement les enfants, sur le manger bien et bon.
La première Journée du Goût eut lieu le 15 octobre 1990, sur la place du Trocadéro à Paris où 350 chefs et artisans des métiers de bouche donneront des Leçons de Goût à des élèves de CM1-CM2.

Les objectifs de la Semaine du Goût

Partant du postulat que la rééducation alimentaire ne pourra passer que par les enfants, l’initiative se destine donc d’abord à eux, estimant que c’est dès l’enfance que l’on peut inculquer des habitudes fastes, clés d’une alimentation équilibrée tout au long d’une vie.

Les objectifs de la Semaine du Goût sont donc issus des valeurs que ses acteurs défendent :
- éduquer au goût les consommateurs, notamment les enfants,
- favoriser la diversité des saveurs,
- produire des aliments sûrs,
- informer sur l’origine des aliments, leur mode de production, et leurs qualités spécifiques,
- encourager des comportements alimentaires durablement équilibrés,
- promouvoir le plaisir du goût,
- transmettre des métiers et savoir-faire.

En quoi cela consiste, concrètement, la Semaine du Goût ?

Pendant une semaine, dans toute la France, sont organisées des animations réunissant autour d’une même table professionnels des métiers de bouche et grand public par le truchement d’écoles, collectivités et associations, tous motivés par une idée commune : faire découvrir, transmettre et partager les saveurs. Ainsi, chefs cuisiniers, primeurs, boulangers, mais aussi agriculteurs et industriels se mobilisent pour endosser la casquette d’éducateur du goût auprès du plus grand public possible.

Ces actions s’articulent autour de 3 animations phares :

Les Leçons de Goût : des professionnels interviennent dans les écoles pour faire découvrir des produits, des saveurs, des techniques, des valeurs. Ces leçons sont adressées aux élèves de cours moyen, mais toutes les classes, même les crèches, initient des animations autour du goût.

Les Cartes du Goût : des restaurateurs réputés ouvrent leurs portes au grand public pour faire découvrir, pour un prix réduit (notamment pour les étudiants), des menus spéciaux, inventifs et savoureux.

Les Ateliers du Goût : toutes sortes de manifestations pédagogiques et ludiques sont initiées dans tout le pays : dégustations, visites de fermes, marchés éphémères, cantines en fête, cours de cuisine, porte ouverte…

L’événement s’étoffe au fil des ans : des Talents du Goût sont élus depuis 2005 par un jury prestigieux, et l’action Chef sur le Campus  apprend aux étudiants à « manger bon, bien et pas cher ». Mais la Semaine du Goût, c’est encore des repas de quartier, dans les hôpitaux pour enfants malades, les Cafés Philo du Goût, et bien d’autres initiatives.

Un événement devenu incontournable

Très vite, la Journée du Goût de 1990 deviendra la Semaine du Goût. Le nombre de Leçons de Goût ne cesseront de croître et le public concerné débordera largement le cadre des enfants. Dès leur création en 1992, les Cartes du Goût réunirent 500 restaurateurs.
En 1997, un site internet est créé pour fédérer les participants, organiser les manifestations et sensibiliser le public tout au long de l’année.
En 2003, le Ministère de l’Agriculture devient partenaire de l’événement, suivi par le Ministère de l’Éducation.
Pour la 20ème édition en 2009, une grande photo rassemble 350 chefs sur le Trocadéro, sont inaugurées des Rues du Goût et des Marchés du Goût. Un autre art emblématique de la France, la littérature, intègre l’événement avec le Goût des Mots, offrant un regard croisé entre chefs et auteurs. Cette même année, la Semaine du Goût s’invite au Japon pour une leçon franco-nippone.

Ne perdant jamais de vue son but : militer pour un « manger mieux », l’événement adoptera chaque année un slogan fédérateur, partisan, presque combatif, défendeur de la cause qu’est devenu le goût (« (R)éveillez-vous au Goût », « Ensemble, défendons la cause du goût », « Le goût pour tous »). Mais ne sera pas oubliée la notion de plaisir (« Laissez-vous surprendre », « Fête plaisir »), car il s’agit d’éduquer de façon ludique et appétissante.

Un succès qui s’exporte

C’est parce que l’initiative a eu la brillante (bien qu’audacieuse) idée de s’axer davantage sur un discours de plaisir, de découverte, de créativité, plutôt que sur des propos culpabilisants ou alarmants, que la Semaine du Goût a trouvé écho auprès du public. Ce contre-pied du sermon ambiant a permis non seulement de faire perdurer l’événement mais aussi et surtout de le développer d’une façon remarquable.
Dès lors, le concept s’est exporté et ambitionne une internationalisation. 
Aujourd’hui, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Norvège, Roumanie, mais aussi Australie, Canada et États-Unis, organisent leur Semaine du Goût.
En Suisse, c’est en 2001 que la manifestation voit le jour grâce à Joseph Zisyadis qui parvint non sans peine à l’instaurer (s’étant fait d’abord rabrouer au motif que l’idée était bien « saugrenue »). En Tunisie, un concours de « bsissa » (plat traditionnel) en fut à l’origine. Au Japon, la Semaine du Goût met à l’honneur la France dont il affectionne la gastronomie.

En effet, quel pays mieux que la France, terre de l’art des plaisirs culinaires par excellence, pouvait le mieux être à même de porter l’impérieux message de « bien manger ».

Le poing combatif de l’affiche de l’édition 2011 rappelle ô combien la lutte n’est pas gagnée. En effet, que se passe-t-il les 51 autres semaines ? Et la multiplication des marques partenaires : ne risque-t-elle pas de favoriser le lobbying au détriment du discours de santé publique ? Quoi qu’il en soit, le message avance et s’introduit de façon inédite mais décisive dans le quotidien des consommateurs et les cartes des restaurateurs.