Le 25 novembre est le jour où l’on fête sainte Catherine d’Alexandrie. Elle vécut au début du IVe siècle après Jésus-Christ. Jeune femme issue de la noblesse égyptienne, elle fût très rapidement reconnue pour sa grande culture et son esprit aiguisé. Elle rivalisait sans peine avec les plus grands intellectuels du moment. Après avoir rencontré le Christ en rêve, elle aurait dès ce moment connu l’expérience du « mariage mystique » avec lui. Ce qui signifie que sa relation à Dieu était de l’ordre du ressenti, et non de l’ordre de la réflexion (selon la définition de Saint Augustin), ce qui peut surprendre venant d’une telle théoricienne. Elle décida alors de se consacrer entièrement à son union mystique, et choisit de rester vierge. C’est à ce moment que Maximien, empereur de Rome, vint à Alexandrie et décida de la mettre à l’épreuve, parce qu’elle avait tenté de le convertir. Elle résista avec brio à une série de débats avec cinquante philosophes qui finirent par reconnaître être à court d’arguments contre le christianisme. De rage, Maximien les fit exécuter et demanda Catherine en mariage, car il en était tombé fou amoureux. Elle refusa et, de dépit, l’empereur la fit torturer sur la roue puis décapiter.
Elle est représentée auréolée de trois couleurs : une auréole rouge pour le martyre, une verte pour le savoir et une blanche pour la virginité. La roue de son supplice apparaît souvent.
Sainte Catherine d’Alexandrie est la patronne des jeunes filles à marier. Elle a aussi sous son aile les théologiens, les étudiants, les orateurs, les plombiers, les modistes, et d’autres encore…Le doyen des avocats lui doit d’être nommé bâtonnier, car il portait sa bannière.
Les catherinettes
Cette tradition puise ses racines dans le Moyen Âge, Sainte-Catherine d’Alexandrie ayant été popularisée après les croisades. Mais c’est au XVIe que le chapeau des catherinettes a vu le jour. Une fois par an, les jeunes femmes à marier de 25 à 35 ans étaient chargées de refaire la coiffe de la statue de la sainte dans les églises. L’idée vint assez naturellement de marquer cette journée en portant soi-même un chapeau.
Les couleurs vertes et jaunes, printanières, sont de mise pour se confectionner les chapeaux les plus extravagants. Que les hommes ne se sentent pas oubliés : Saint Nicolas est le patron des célibataires endurcis.
Aujourd’hui
Sainte Catherine n’a plus l’aura dont elle a joui par le passé. L’Église romaine a même douté de son existence pendant une quarantaine d’années, et jusqu’en 2002. Qui sait encore aujourd’hui qu’elle a été une des saintes qui a reçu le plus de dévotion populaire dans toute l’Europe, des terres romaines jusqu’aux terres orthodoxes ?
Les catherinettes ont perdu en grande partie leur spécificité matrimoniale. Le monde de la mode aime toujours les fêter et les modeuses rivalisent d’audace avec leurs chapeaux extraordinaires. Dans les campagnes, il y a encore parfois des foires associées à la sainte. C’est l’occasion pour les agriculteurs ou éleveurs célibataires de rencontrer peut-être leur âme sœur. Et dans le nord, les jeunes femmes s’échangent des cartes de vœux de la sainte.
Les Canadiennes fabriquent toujours la tire, une confiserie que les jeunes femmes offraient aux jeunes hommes pour montrer leur talent culinaire. Plus près de nous, en Picardie, c’étaient des cœurs de Sainte Catherine, petits gâteaux pleins d’espoir, qui cherchaient à régaler les palais.
Sainte Catherine et ses catherinettes pourraient nous paraître parfois moribondes et désuètes, si l’on ne se donne pas la peine d’aller espionner les sites féminins où l’on découvre que l’aura de la sainte irradie toujours, mais doit répondre à des questions de notre époque. « Une mère célibataire peut-elle être une catherinette ? » » Une femme divorcée peut-elle porter le chapeau printanier ? » Les questions ne manquent pas, qui montrent que Sainte-Catherine est toujours porteuse d’espoir, chose assez incroyable à notre époque matérialiste.